🏡 Biodiversité et bâtiments neufs : vers une nouvelle norme constructive


Face à l’érosion du vivant et aux effets tangibles du dérèglement climatique, l’intégration de la biodiversité dans les projets de construction neuve devient un critère incontournable. Longtemps perçue comme une approche “d’agrément” ou “paysagère”, la biodiversité s’impose aujourd’hui comme un enjeu réglementaire, financier et opérationnel, au cœur des stratégies d’adaptation des territoires.

 🌱 Une attente croissante des territoires et des citoyens :

Les collectivités locales, en première ligne face aux effets des îlots de chaleur, aux inondations urbaines ou à la perte de qualité de vie, sont de plus en plus nombreuses à exiger une approche écologique intégrée dans les projets urbains. 

 Selon l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB, rapport 2024), plus de 70 % des Français estiment que “la préservation de la biodiversité en ville devrait être une priorité de l’aménagement urbain”. 

De leur côté, les collectivités adaptent leurs documents d’urbanisme : végétalisation obligatoire des cœurs d’îlots, désimperméabilisation des sols, corridors écologiques, limitation des espèces non endémiques… Ces orientations influencent directement les autorisations d’urbanisme.

 🏛️ Une évolution réglementaire accélérée en 2024/2025

Les pouvoirs publics encouragent activement cette mutation. 

En 2025, plusieurs signaux réglementaires convergent : 

• La RE2020, en phase d’actualisation, propose des critères environnementaux renforcés autour de la gestion de l’eau et du sol. 

• Le label “Ville Durable et Innovante”, piloté par l’État, introduit un indicateur “nature en ville” valorisant les projets incluant une trame verte et bleue cohérente. 

• Les agences de l’eau et l’ADEME conditionnent désormais une partie de leurs aides à la présence de surfaces végétalisées favorables à la biodiversité fonctionnelle (source : Plan Eau – gouvernement.fr, avril 2025). 

Ainsi, ne pas anticiper ces exigences, c’est risquer de compromettre l’obtention d’autorisations, d’aides publiques, voire la conformité environnementale du projet.

Des aides ciblées pour des projets engagés

Intégrer la biodiversité, c’est aussi bénéficier d’un panel d’aides financières, notamment pour les opérations exemplaires : 

• Subventions des agences de l’eau (notamment Seine-Normandie et Rhône Méditerranée Corse) pour les toitures végétalisées, la désimperméabilisation et la création de zones d’infiltration écologique, 

• Financements ADEME 2025 pour les projets démonstrateurs alliant climat et biodiversité, 

• Aides territoriales dans les zones en ZAN (Zéro Artificialisation Nette) pour les projets favorisant la régénération des sols vivants. 

👉 Ces aides nécessitent souvent des preuves de performance écologique mesurables. C’est dans ce contexte que les référentiels de certification intégrant la biodiversité deviennent essentiels.


🧱 Quels impacts concrets pour le bâtiment ?​

Au-delà de la conformité ou des subventions, intégrer la biodiversité dans le bâtiment neuf présente de véritables bénéfices opérationnels : 

• Confort d’été amélioré, grâce à la régulation microclimatique des zones végétalisées (étude CSTB, 2024), 

• Réduction des risques d’inondation, via la rétention naturelle des eaux pluviales, 

• Attractivité commerciale renforcée : selon le baromètre Immobilier & Environnement 2024, 62 % des acquéreurs considèrent la présence d’espaces naturels comme un critère d’achat prioritaire.

Un enjeu désormais certifiable

Pour répondre à ces mutations, plusieurs démarches de certification, dont la nôtre, évoluent activement. La mise à jour de Juin 2025 du référentiel BEE Logement Neuf prévoit une nouvelle mention “Biodiversité”, conçue en dialogue avec les attentes terrain des collectivités et des promoteurs. 

Cette mention permet aux projets : 

• de démontrer leur valeur écologique ajoutée de façon objective, 

• d’accéder plus facilement à certains financements ou permis d’aménager, 

• et de s’inscrire dans une démarche territoriale cohérente, en phase avec les politiques locales de ZAN.


🌍 Conclusion : de la contrainte à l’opportunité

L’ajout de la biodiversité comme critère de construction transforme profondément le secteur du bâtiment. Ce n’est plus un “plus”, mais un “pré-requis” aux multiples retombées : techniques, réglementaires, économiques et sociales. 

Les professionnels qui s’engagent dans cette voie construisent non seulement des bâtiments plus durables, mais aussi des villes plus vivables, résilientes et désirables. 


📚 Sources :

 • Ministère de la Transition Écologique, “RE2020 - Évolutions 2025”, avril 2025 

• Plan Eau - Gouvernement.fr, avril 2025 

• Observatoire de la Biodiversité Urbaine, ONB, rapport décembre 2024 

• CSTB, “Confort thermique et végétalisation”, étude 2024 

• ADEME, “Financements pour la transition écologique des bâtiments”, février 2025